Les oiseaux d’Amérique latine

Chers amis,
Impossible de vous proposer cette nouvelle page des cahiers de la Cotal sans un vibrant remerciement à son auteur… C’est un très grand honneur en effet que de disposer de la plume et de l’illustration d’un éminent spécialiste des oiseaux, mais également des reptiles, insectes, coléoptères du monde entier. En fait le monde est son jardin, sa passion est le « vivant ». Son regard à la fois scientifique et sensible sur la faune et la flore et son talent d’illustrateur lui valent une place de correspondant du célèbre Musée National d’Histoire Naturel à Paris… Merci donc M. Gaëtan du Châtenet pour votre participation à cette lettre dédiée à tous ceux qui aiment et participent à la promotion de l’Amérique latine…
Françoise, Cécile, Rémi et Frédéric
Cotal-France

Par Gaëtan du Chatenet, Correspondant du Muséum d’Histoire Naturelle
Les oiseaux, dont près de 10.000 espèces vivent sur notre planète, sont présents dans toutes les parties du monde, de l’équateur jusqu’aux pôles, mais les forêts tropicales sont de loin les plus riches en espèces, et la diversité des oiseaux y est aussi la plus grande.
C’est pourquoi le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux est en Amérique du Sud, où s’étend l’Amazonie, la plus grande forêt du monde, mais aussi les Andes, qui, en se divisant en de nombreuses cordillères, a séparé ce continent en de nombreuses régions, hautement favorables à une évolution séparée qui est à l’origine des très nombreuses espèces endémiques.
Six des sept pays les plus riches en oiseaux sont en Amérique du Sud. La Colombie est le pays hébergeant la plus grande diversité, avec près de 2000 espèces, soit un cinquième des oiseaux du monde, suivi du Pérou (1772), du Brésil (1704) et de l’Equateur qui abrite le plus grand nombre de colibris.

Il suffit de s’aventurer dans la profondeur des forêts

oiseauamlat-5.jpg …aux arbres gigantesques, entrelacés de lianes, aux branches surchargées d’épiphytes, pour voir une multitude d’oiseaux rivalisant de magnificence et de splendeur, grand aras bicolores, verts ou bleus, tachés de rouge et de jaune, cotingas d’un bleu turquoise étincelant, pics, momots, et manakins couronnés de rouge. Dans les hautes frondaisons se réunissent des assemblées bruyantes de perroquets verts et rouges, une foule d’amazones et de conures et des toucans, noirs, et rouges, des Araçaris et des toucanets verts, affublés d’un bec énorme. Tous venus pour festoyer des fruits et des graines parvenus depuis peu à maturité. Le rare coq de roche, d’un rouge orangé éclatant, se cache au fond des ravins les plus inaccessibles pour parader, au milieu d’un cercle de femelles l’attentives. Craintives les brèves, brunes ou rousses et zébrées de blanc, se dissimulent dans la pénombre glauque des sous bois, qu’elles parcourent avec l’extrême vélocité que leur confèrent leur longues pattes.

Les colibris ne se rencontrent qu’en Amérique

oiseauamlat-2.jpg… en grande majorité à proximité de l’équateur. Ils apparaissent brusquement, dans les forêts, les prairies et les jardins, partout où les fleurs foisonnent, tels des bijoux fulgurants, parés de couleurs brillantes et métalliques, souvent semblables à celles des fleurs qu’ils visitent. Mais leur aptitude la plus surprenante est la virtuosité avec laquelle ils réalisent des acrobaties inégalées, grâce à leur vol extrêmement rapide, vrombissant, du à l’extrême vitesse des battements, et à la possibilité d’orienter leurs ailes dans toutes les directions, ce qui leur permet de reculer en volant, les seuls au monde à pouvoir effectuer un telle performance. Pour accomplir de telles prouesses, ils leur faut consommer chaque jour, leur propre poids du nourriture, du nectar à 90%, particulièrement riche en calories. Les colibris sont toujours petits, parfois minuscules, et compte dans leur famille le plus petit oiseau du monde, le colibri d’Hélène, long de 2 cm et pesant tout au plus 2 gr.

Les zones humides sont nombreuses en Amérique du Sud :

oiseauamlat-6.jpgMangroves côtières, estuaires des grands fleuves, comme ceux du Magdalena en Colombie, de l’Orénoque au Venezuela et de l’Amazone au Brésil et les toutes les régions basses que les grands fleuves inondent une de l’année partie.
Dès l’aube, ces vastes étendues de roseaux et d’eau libre sont animés par les jacassements des milliers d’oiseaux qui y ont trouvés refuge: jacanas, poules d’eau, pluviers, vanneaux, canards, sarcelles, oies, ibis, aigrettes, hérons et gros kamichis.
Le Pantanal, qui s’étend sur le Mato Grosso, au Brésil, et une partie de la Bolivie et du Paraguay, est une immense plaine alluviale, transformée une grande partie de l’année, en un vaste marais d’eau douce, qui avec ses 170 000 km 2, est de loin la plus grande zone humide de la planète. Il est possible d’y observer 650 espèces d’oiseaux, notamment le grand jabiru d’Amérique, blanc à tête noire, et 26 espèces de perroquets, dont le plus grands de tous, l’Ara hyacinthe, d’un très beau bleu violet.

Sous un climat doux et humide

oiseauamlat-1.jpg …les forêts qui montent à l’assaut des Andes sont noyées dans un perpétuel brouillard. Les trogons rouges et verts, ou violets et jaunes, et les quetzals vert doré à poitrine rouge, se fondent dans la végétation luxuriante des épiphytes, qui croissent en grand nombre sur les branches des arbres: délicates fougères, broméliacées aux larges rosettes et orchidées aux teintes pastels, mauves ou roses Dans les buissons s’affairent une foule de petits passereaux, tangaras multicolores, gobe-mouches, percefleurs, organistes, pirangas, parulines et viréos.

Plus haut, les falaises escarpées sont le refuge du grand condor

condor.jpg …l’oiseau volant le plus lourd du monde, qui survole les abîmes de son vol majestueux. Proches des neiges éternelles, les prairies de graminées ondoyantes et les torrents glacés qui les traverses, sont habités par de nombreuses sarcelles, des merganettes et le cincle à tête blanche.
Quatre sur cinq des flamants connus, se rencontrent en Amérique du Sud. Deux d’entre eux habitent exclusivement les lacs salés de l’altiplano, entre 3500 et 4000 m d’altitude.

Plus au sud, les pampas de Patagonie et les prairies d’Araucanie

nandou.jpg … jouissant d’un climat tempéré sont habitées par des oiseaux bien différents, notamment les grands nandous, qui courent très vite mais ne savent pas voler. Les lacs et les régions côtières sont fréquentés par le nombreux oiseaux aquatiques ou marins, manchots de Humboldt et de Magellan, et de très nombreux palmipèdes, élégant cygne du Chili, blanc à col noir, le bec surmonté d’un tubercule rouge vif, bernaches antarctique et de Magellan, canards bronzés, gros canards vapeur qui pour la plupart ne savent voler, canard huppés de Patagonie et des Andes, Pilet du Chili et bien d’autres.


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Biographie de Gaëtan du CHATENET

Gaëtan du CHATENET, membre correspondant du Muséum national d’Histoire naturelle et expert auprès du Ministère des Relations extérieures, s’est toujours intéressé à la systématique des coléoptères et à leur écologie, et a travaillé au Laboratoire d’Entomologie du Muséum. De nombreuses missions l’ont ensuite amené à parcourir l’Europe mais aussi l’Amérique du Sud, le Proche-Orient, les Seychelles, l’Afrique noire ou encore les Galapagos.

Entomologiste reconnu mais également peintre, Gaëtan du CHATENET est l’auteur de nombreux ouvrages de sciences naturelles, entre autres :



  » Coléoptères phytophages d’Europe « ,

  » Guide des coléoptères d’Europe « ,

  » Livre des insectes « ,

  » Oiseaux de Colombie « ,

  » Les Geais du monde « ,

  » Galapagos « ,

  » Livre des amphibiens et des reptiles « ,

  » Guide des arbres et arbustes exotiques de nos parcs et jardins « .

De même, il a réalisé plusieurs velins pour la prestigieuse collection de velins du Muséum national d’Histoire naturelle.

Gaëtan du CHATENET est considéré à ce jour par les nombreux spécialistes comme l’un des plus grands peintres naturaliste de ce siècle.